Renault Flins : un travailleur tué par l’insécurité

Pendant l’arrêt de la production en août, à l’usine Renault de Flins, un travailleur intérimaire travaillant pour une entreprise sous-traitante a été victime d’un accident du travail. Il est décédé à la suite d’une chute de douze mètres du toit de l’atelier des Presses.

L’arrêt de l’usine est l’occasion pour la direction de faire réaliser des travaux d’entretien et de modernisation des locaux vétustes, l’usine datant de 1952. C’est dans ce cadre que ce travailleur intervenait pour poser des « lignes de vie », c’est-à-dire des points de fixation permettant d’arrimer les harnais de sécurité pour travailler en hauteur. On voit donc mal où il aurait pu s’assurer, puisque c’est précisément lui et ses camarades qui étaient chargés de sécuriser le toit !

Dans un tel cas, la loi oblige l’employeur à tendre des filets de protection six mètres au-dessous. Mais il n’y avait pas de filets… La formation de ce salarié au travail en hauteur aurait été indispensable, mais il semble qu’il cherchait simplement du travail et ait été recruté à la va-vite, sans rien savoir de ce genre de travail à haut risque.

L’acceptation de la mise en chantier par le donneur d’ordres Renault est aussi pour le moins douteuse. Qu’en est-il du plan de prévention des risques que Renault a ratifié ? Quant à Asten, l’entreprise sous-traitante comptant 1 000 salariés, il a déjà fait l’objet de plusieurs procès pour travail dissimulé, emploi de travailleurs sans papiers, etc.

À tout le moins, on peut dire qu’Asten n’est pas très regardant sur le respect des règles prévues dans le code du travail, et que le donneur d’ordres Renault n’est pas très regardant envers les entreprises qu’il mandate pour effectuer ces travaux. Une enquête de la justice ainsi que des services de l’inspection du Travail est en cours. La direction de Renault ne semble pas pressée de fournir les documents qu’exige le comité hygiène et sécurité (CHSCT).

Parmi les travailleurs de Renault, à la reprise, c’est plutôt l’écœurement qui dominait face aux bruits que faisaient courir les chefs sur le fait que le camarade décédé « avait téléphoné sur le toit », « qu’il n’aurait pas fixé son harnais »… bref, que Renault n’était responsable de rien.

C’est bien le contraire qui apparaît.

 

Correspondant LO

Lutte Ouvrière n°2405 du 5 septembre 2014

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