Stratégie de communication
Jeudi 14 janvier, la direction de Renault s’est fendu d’un grand coup de com’ pour présenter son plan stratégique depuis les studios télé à la Plaine Saint Denis. Coût de l’opération : 900 000 €. Les salariés soumis à des économies drastiques apprécieront.
De Meodies d’amour…
Jeudi matin lors de sa conférence de presse, De Meo était tout miel pour son numéro de charme face aux « investisseurs » Bank of America, JP Morgan ou Goldman Sachs. En revanche l’après-midi, lors du #ChatWithLuca, il s’est montré moins affable face aux salariés. A une question sur la perte pour Renault Sport d’être intégré dans Alpine, De Meo a répondu qu’il n’aimait « pas trop cette question ». L’heure n’est plus à la discussion mais à l’exécution, « si vous ne voulez pas faire ça, vous savez ce que vous devez faire » a menacé De Meo. Du Carlos Ghosn dans le texte.
La Software République, c’est moi !
De Meo a également annoncé le lancement de la « Software République », en partenariat avec d’autres grands groupes comme Orange, Dassault Systèmes ou Atos, avec qui Renault est prêt à partager 100 000 m2 de ses locaux, notamment au TCR : un « laboratoire à ciel ouvert », un « écosystème » ou même une « Silicon Valley à la française »… En fait, une externalisation croissante d’activités et une rentabilisation des espaces laissés vacants par la saignée continue des effectifs.
Parole d’expert
Sollicité en tant qu’ « expert » du volet social du plan stratégique de Renault lors du ChatWithLuca, François Roger, le DRH de Renault, a commencé par dire qu’il n’était « expert en rien du tout », surement dans un accès de franchise. Le DRH tâchera modestement d’être à la hauteur du « phare social » qu’a été Renault, et de « mener [ses] collaborateurs à une employabilité sur le long terme » dans le cadre de la transformation des compétences. Les salariés auraient préféré plutôt un emploi à court terme.
L’Amsterdam de compagnie
Mouna Sepehri, l’ex-bras droit de Carlos Ghosn, a disparu discrètement de l’organigramme Renault. On l’a retrouvé la semaine dernière dans les bureaux des juges d’instruction chargés de l’enquête sur les malversations de l’ère Ghosn. Sepehri aurait touché indûment 500 000 euros de RNBV, la filiale Renault-Nissan créée par Ghosn en Hollande, et qui a servi de caisse noire. Sont aussi visés l’ancienne ministre de la justice Rachida Dati ou le lobbyiste Alain Bauer. Tout ce beau monde pourra toujours se réfugier au Liban pour éviter d’être mis en boîte par la justice.
Le plan et l’arrière-plan
Le nouveau Directeur Général veut réduire de 25 % les capacités de production de Renault, passant de 4 millions de véhicules à 3,6 d’ici 2023, et à 3,1 en 2025. Une telle baisse suppose de tailler dans les effectifs et de fermer des sites. Mais De Meo a refusé de donner des précisions dans son plan stratégique, tout en disant qu’il avait un « plan très clair ». Un plan secret genre plan social ? C’est clair, il va falloir un plan de mobilisation pour défendre l’emploi.
R5 : il va falloir se mettre en quatre
De Meo a présenté la nouvelle R5 électrique jeudi dernier. Mais où sera-t-elle fabriquée ? Flins ne serait pas assez rentable. Alors à Douai ? « Nous exam-inons la possibilité de localiser la plateforme CMF-EV dans le Nord de la France », a déclaré De Meo. C’est « au conditionnel parce que c’est un grand défi d’un point de vue des investissements et des coûts. » Cela dépendra des concessions faites par les salariés de Renault Douai, MCA et leurs sous-traitants, et de l’argent que l’Etat et les collectivités locales sont prêts à verser. Encore un chantage à l’emploi.
Bons baisés de Russie
Renault veut regrouper Lada sous la bannière Dacia, avec des objectifs de synergies et de convergences industrielles. De quoi avoir des craintes sur l’emploi en Russie comme en Roumanie. D’autant plus qu’en matière industrielle (c’est-à-dire de bas salaire et de productivité), De Meo ne jure que par Tanger. Pour mettre fin à la concurrence entre salariés du groupe, il va falloir passer de la Renaulution à la Révolution.
Le Tech plus ultra
Passer d’un constructeur de véhicule qui intègre de la technologie à une « boîte de tech qui intègre des véhicules » sur le modèle de Tesla, tel est l’objectif de De Meo. Tout un programme : l’entreprise d’Elon Muske, l’homme le plus riche du monde, a beau cumuler les ratés, comme le récent rappel de 138 000 véhicules pour raison de sécurité, et un modèle social digne du XIXe siècle, sa capitalisation explose. Rien de tel suite au plan stratégique de De Meo, pas même un frémissement en bourse. N’est pas Musk qui veut.
Un seul avenir : frondeurs du Poitou
Les 292 salariés de la fonderie Fonte d’Ingrandes près de Châtellerault ont appris la fermeture du site. Renault a créé la fonderie du Poitou en 1978 pour y délocaliser celle de Billancourt. La fonderie travaille aujourd’hui exclusivement pour Renault, qui a décidé de se fournir en Espagne, tandis que la filière prévoit 5 000 suppressions d’emplois sur 13 000 en France. L’heure est à la mobilisation générale.