DeMeolition
Luca De Meo fait sa rentrée avec une série de vidéos sur l’Intranet où il « partage sa vision pour la relance du groupe ». Le nouveau DG de Renault aux six millions d’euros de salaire annuel ne brille pas par son originalité. En guise de « Renaulution », il compte « faire dans les cinq ans à venir, ce que PSA a fait les cinq dernières années ». Et qu’a fait PSA ? Des milliers de suppressions d’emplois, la fermeture des sites d’Aulnay, Saint-Ouen et La Garenne, bientôt 10 000 emplois supprimés chez Opel (soit un quart des effectifs)… La Renaulution de De Meo, c’est surtout la relance de la démolition des emplois.
Ghosn sort de ce corps
Luca de Meo veut restaurer le « cash and cost » par tous les moyens, quitte à aller « plus loin encore que ce qui était prévu » dans l’objectif de deux milliards d’euros d’économies annoncé en début d’année. Il entend « poursuivre le redimensionnement de l’ingénierie » où 1500 suppressions d’emplois sont déjà prévus en France, et donner un nouveau tour de vis sur les coûts. De Meo est en fait un cost killer comme Ghosn, avec juste le sourire en plus.
Business as usual
Qui dit nouveau patron, dit… nouvelle réorganisation. D’ici mars 2021, De Meo veut scinder le groupe Renault en quatre Business Unit : Renault, Dacia (qui auront respectivement Peugeot et Citroën « comme seule et unique référence »), Alpine et Mobilize (en charge des nouvelles mobilités). Le but de ces quatre « entités commerciales » : dégager le maximum de profits, quitte à se faire concurrence entre elles. Renault, c’est une grande famille.
En mal de compagnie
Depuis le confinement, le télétravail a été généralisé du jour au lendemain par Renault pour la majorité des salariés du TCR. Depuis, le retour au travail en présentiel se fait dans le flou le plus total. Si dans certains services le télétravail continue une grande partie de la semaine, dans d’autres, comme le maquettage numérique au Design, le nombre de jours de télétravail par semaine a été réduit arbitrairement. Certains chefs auraient-ils à ce point manqué de compagnie ces derniers mois ?
Des cantines qui pèsent sur l’estomac
Elior et Renault ne font pas beaucoup d’effort pour donner envie de venir au Technocentre : les queues aux cantines sont de retour, alors qu’il y a moins de choix à cause du Covid. Et pas facile de manger ensemble puisqu’il faut respecter les mesures de distanciation physique pendant le repas. À ce régime-là, on est effectivement mieux à la maison.
Produire d’abord, tester après
Après avoir poussé au redémarrage de l’usine avant le déconfinement de mai dernier, la direction de Renault Flins continue à faire du zèle : elle ne prévient pas les salariés que leurs collègues sont positifs au Covid et veut les maintenir à tout prix au travail. Vendredi 28 août, après un 3ème cas de Covid avéré en Tôlerie, 40 salariés ont débrayé pour exiger d’être dépistés. Pas de chance, les patrons n’avaient prévu que 10 tests pour une usine de 4000 personnes. Ils ont donc envoyé les ouvriers se faire tester dehors. Déjà que les gestes barrières sont intenables avec les cadences imposées, c’est maintenant aux salariés de se débrouiller en cas de cluster dans l’usine. « Le sens de la responsabilité » face au Covid, cher à Jean Castex, ça ne concerne pas la direction de Renault.
Le poids des années
Le Journal de l’Automobile vient d’élire Gilles Le Borgne, le directeur de l’Ingénierie Renault, « Homme de l’année 2019 ». Les élus des années précédentes étaient Carlos Ghosn, Christian Klingler (qui a dû quitter VW suite au DieselGate) ou encore François Fillon (condamné pour détournements de fonds publics). On n’est Homme de l’année qu’une seule fois.
Mort (pas tout à fait) par accident
Cet été, un travailleur d’une entreprise extérieure est décédé au Technocentre, écrasé par un transformateur de 2,5 tonnes qu’il manipulait avec un transpalette. L’accident est arrivé samedi 1er aout à la Centrale Fluides et Énergies, que Renault a externalisée en 2014 chez Engie-Cofely, qui a sous-traité les travaux sur ce transformateur à une autre société, LGMT, qui a elle-même fait appel à un petit artisan… qui est mort. L’externalisation et la sous-traitance ont été systématisées depuis des années pour faire baisser les coûts, provoquant une dilution des responsabilités et une perte de compétences. Cet accident mortel n’a rien de fatal.
Dati center
Recrutée en tant que « consultante » par Carlos Ghosn, Rachida Dati a touché 300 000 € par an pour 300 heures de travail, soit 1 000 € net de l’heure ! Cerise sur le gâteau : lors des perquisitions au siège de Renault dans le cadre d’une information judiciaire pour « corruption, trafic d’influence et abus de biens sociaux », les juges n’ont trouvé aucun travail fourni par Dati. Ils soupçonnent la députée européenne d’avoir fait du lobbying pour les intérêts personnels de Ghosn et pour influencer la législation européenne selon les intérêts de Renault. Entre 2010 et 2012, Dati a perçu 900 000 € de RNGM. A l’époque, les salariés étaient sommés de se serrer la ceinture.