Le 29 mai dernier, la direction de Renault déclarait vouloir supprimer 15 000 emplois dans le monde, dont 4 600 en France. Le 21 juillet en pleine épidémie de coronavirus, elle annonçait 747 licenciements dans son usine de Curitiba au Brésil où travaillent 5700 salariés Renault.
Dès l’annonce des licenciements, les travailleurs se sont organisés pour bloquer totalement les entrées et sorties de l’usine, mettant en place des piquets de grève quotidiens.
Après 15 jours de grève totale, ils ont obtenu du Tribunal régional du travail, le 5 août, qu’il ordonne l’annulation des licenciements et condamne Renault à une amende de 16 000 euros par jour en cas de refus.
Le Tribunal a estimé que Renault n’avait pas tenu les engagements pris auprès du ministère du travail de ne procéder à aucun licenciement sans négociation préalable avec les syndicats. Une violation aggravée par le fait que Renault avait perçu des subventions publiques en contrepartie d’une garantie de l’emploi.
Renault Curtiba comprend 3 unités de production : Carrosserie-Montage (où sont fabriqués des Logan, Sandero, Kwid, Duster, Captur et Master), Mécanique (moteurs B4D, K4M, H4M) et une fonderie Aluminium.
Un premier recul contre les licenciements
Face à la grève et à cette décision de justice, Renault a donc dû négocier un accord avec les syndicats.
Cet accord comprend un accord salarial (Participação nos Lucros e Resultados – PLR), un Plan de Départs Volontaires (Programa de Demissão Voluntária – PDV) et un Plan de licenciements (Programa de Demissão Involuntária – PDI).
Ainsi les 747 salariés licenciés sont réintégrés, mais ils doivent rester chez eux en percevant leur salaire jusqu’à ce que le plan de départ volontaire (PDV) soit terminé le 20 août. A cette date, les salariés qui ne se sont pas portés volontaires au départ basculent dans une sorte de chômage partiel pendant 5 mois, plus éventuellement 3 mois, en gardant 85% de leur salaire. Puis à l’issue de cette période, s’il n’est pas possible selon la direction de les réaffecter en fabrication, Renault s’engagerait à rencontrer de nouveau les syndicats pour évaluer les “alternatives”.
Quant à l’accord salarial, il lie pour une durée de quatre ans les salaires aux bénéfices et au chiffre d’affaires de Renault. Dans le contexte actuel de crise économique, ce n’est certainement pas une bonne nouvelle.
La direction conditionne toujours l’avenir de l’usine et l’affectation de nouveaux véhicules à un plan d’économie et de réduction d’emplois.
Le vote s’est déroulé sur internet. Le syndicat SMC (Syndicat de la Métallurgie de Curitiba) a annoncé 5119 voix pour cet accord et 164 contre.
Après 21 jours de grève, les salariés ont donc repris le travail mercredi 12 aout.
Les salariés ont fait reculer la direction de Renault. Mais pour que Renault renonce à supprimer des emplois, comme pour arrêter la vague de licenciements qui touche tout le Brésil comme la France, il faudra que les luttes se généralisent et que les travailleurs s’organisent pour ne pas confier leur sort aux seuls syndicats.